Contes et propos représente l'accomplissement d'une intention expresse de Raymond Queneau, qui se proposait de rassembler sous ce titre un certain nombre d'écrits en prose. Ces textes, dont le plus ancien, totalement inédit, date de 1922, sont tous marques d'une touche de froide absurdité qui incline à les ranger du côté de ce qu'André Breton a nommé l'« humour noir ». Mais leur diversité baroque témoigne d'un esprit ency-clopediquement ouvert à la singularité. Jeux de mots, spéculations ironiques, faux rêves, délires logiques, usage subversif de la rhétorique, tout concourt à notre divertissement et, plus sérieusement, a une entreprise de démystification de la littérature. Ainsi nait un fantastique naturel qui fait que nous ne sommes pas étonnés quand l'auteur nous présente un chien qui engage la conversation avec un client dans une salle très ordinaire de café provincial ou encore un cheval, de surcroit troyen, buvant un drink au comptoir d'un bar de haut luxe.